lundi 18 juin 2018

D’où parlez-vous, Monsieur le Président ?



Le Café du Commerce, de l’Industrie et de l’Agriculture réunis, comme on l’appelait autrefois, le véritable parlement du peuple, comme l’a répété Balzac après Swift, paraît le lieu adéquat pour permettre au personnel politique de s’informer de la réalité quotidienne des Français : certes, le lyrisme des débats n’y est peut-être pas toujours à la hauteur de celui des discours des membres de la Représentation nationale ; certes, on peut parfois y respirer à l’occasion quelques remugles nauséabonds ; mais le plus souvent prévaut un certain bon sens et des propos comme ceux tenus récemment par le Président de la République – « On met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s'en sortent pas. Les gens pauvres restent pauvres, ceux qui tombent pauvres restent pauvres » –, ne constituent finalement qu’un constat largement partagé, depuis le citoyen lambda, accoudé au zinc du comptoir, jusqu’aux magistrats enherminés de  la Cour des Comptes.


Alors, où est le problème ?


Faut-il rappeler qu’un propos, quel qu’il soit, ne peut être isolé de celui qui le tient, du moment et de l’endroit où il est tenu, sans même parler de sa diffusion. Le vieux truc rhétorico-gauchiste, « d’où parlez-vous ? », aujourd’hui presque sorti d’usage, n’est sans doute pas aussi usé que voudraient le faire le croire ceux dont les discours se voyaient jadis ainsi interrompus : c’est même le meilleur moyen, dans un monde de la communication, de renvoyer les discoureurs à leurs responsabilités. 

Or, dans le cas du Président de la République, le plus choquant n’est pas tant ce qu’il dit, puisqu’il répète en l’occurrence ce que ses agentes in rebus ont souvent entendus  au Café du Commerce, mais que ces propos soient tenus sous les ors d’un appareil d’État qui pourtant n’a plus les moyens de ses dépenses somptuaires et dans une posture qui ressemble par trop à celle du monarque que la misère de son peuple « dérange », dans les différents sens du terme.

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