La méthode à suivre est simple : après avoir soi-même largement contribué pendant des années, voire des décennies, en usant de sa position, à corseter les idées et les opinions, trouver un tabou à briser en rejetant brutalement les considérations qu’on avait jusque-là mises en avant et défendues avec ardeur quand cette remise en cause venait des autres.
Voilà ce qui s’observe aujourd’hui avec les propos de certains « éditorialistes », qu’il s’agisse de personnages appartenant au monde des médias proprement dit, ou plus encore de « spécialistes » (de pandémie, d’économie, ou de tout autre sujet « expertisable »), que leurs compétences supposées propulsent quotidiennement sur les plateaux de télévision ou sur les chaines de radio : ils se targuent à l’occasion de donner des leçons, aux gouvernants parfois, aux gouvernés souvent ; tout à leur heure de gloire et/ou de scandale, ils n’ont même pas conscience de faire en réalité écho, de manière endogène, à la petite musique entendue dans les sphères du pouvoir et les salons où l’on cause.
Ces nouveaux « esprits forts », ces nouveaux « penseurs », ne se recrutent pas dans telle ou telle mouvance politique plus ou moins radicale, de droite ou de gauche. Il s’agit plutôt de gens modérés, qui soudain tombent le masque : on découvre alors le visage de l’extrême-centre, dont on peut ainsi mesurer le risque que son insidiosité fait courir à la démocratie.