On parle souvent des
« quartiers » (difficiles), des « zones de
non-droit » ; mais du moins ces « territoires perdus de la
République » s’avèrent-ils toujours vivants, souvent bouillonnants,
parfois remuants …
En revanche, les espaces ruraux, désertifiés, abandonnés par
les pouvoirs publics, voient la vie locale s’amenuiser, laissant au reliquat de
population un sentiment amer de relégation.
Peut-être celui-ci serait-il supportable à quelques-uns s’il
s’accompagnait d’une impression de liberté ; mais, ici comme ailleurs,
l’implacable machine étatique de la surveillance et du contrôle s’étend et se
renforce chaque jour, grâce aux possibilités énormes de l’informatique de
réseau et de collecte de données, dont l’extension est présentée comme
inéluctable et souhaitable.
Dès lors, on est en
droit de se poser la question de savoir pourquoi un tel outil n’a pas été
plutôt utilisé pour favoriser la « subsidiarisation » et la déconcentration,
conditions d’un aménagement et d’un développement plus harmonieux du territoire
de la République.
Oui, pourquoi les pouvoirs publics ont-ils décidé,
manifestement à l’aveugle, que la métropolisation et ses cercles concentriques
de banlieues constituaient la meilleure organisation du territoire, laquelle
voit quotidiennement des millions d’individus se déplacer de la périphérie vers
les centres et vice versa afin de se livrer à une activité économique, basée
pour l’essentiel sur l’utilisation de l’informatique ? Activité, dont, au
demeurant, on peut bien souvent questionner l’utilité, dont la volatilité
apparaît très élevée quand on la mesure à l’aune des délocalisations et qui, en
tout état de cause, aurait pu sans difficulté être pratiquée à domicile pour un
coût économique et écologique bien moindre. De surcroît, pourquoi ce travail à domicile ne pouvait-il
pas s’exercer, en grande partie, ailleurs que dans les zones déjà densément
urbanisées et les métropoles ? Et contribuer ainsi, de manière naturelle, à
une meilleure répartition de la population sur l’ensemble du territoire de la République,
permettant, partout ou presque, non seulement le maintien, mais le
développement d’activités humaines et sociales.
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