Etonnante actualité du roman et du film Les vieux de la vieille au moment où certains "experts" commencent à susurrer qu’un confinement spécifique des personnes âgées de plus de 65 ans serait plus approprié qu’une mesure générale. Il aura fallu peu de temps, depuis le fameux "OK Boomer" lancé par la parlementaire néo-zélandaise Chlöe Swarbrick à un collègue plus âgé, pour que les jeunes de la jeune garde viennent en remonter à leurs anciens avec ce ton sans appel dont on sait qu’il conduit généralement à déresponsabiliser les admonestés. Ainsi, un tel processus d’infantilisation n’est-il pas de nature à générer chez ces derniers des comportements tels ceux que l’adaptation par Michel Audiard du roman de René Fallet a hissés au niveau d’une véritable épopée villageoise ? Manifestations d’un esprit asocial, voire anarchiste, allant jusqu’à la rébellion et aux excès en tous genres, dont on trouvera ci-dessous un florilège :
« C’est pas d'ma faute si j’ai soixante cinq ans, j’ai mis assez d'temps pour les avoir »
« J’ vas faire un doublé de connards »
« Tu
saurais comment on s’en débarrassait de ceux-là, à Verdun »
Plus sérieusement, la crise sanitaire favorise indirectement la
montée insidieuse d’une idéologie libertarienne de "guerre des âges",
reprise à leur compte par des théoriciens du libéralisme et des collapso-écologistes
pour être substituée à celle de "lutte des classes". Cela ne contribue pas, on l'aura compris, à l'union souhaitée, affirmée ou du moins réclamée par le Gouvernement, qui aurait donc tout intérêt à se montrer plus clair et plus affirmatif à ce sujet.