mercredi 28 avril 2021

Les États en rêvaient, COVID-19 l’a fait

 

Tous les ministres de la police, d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui, en avaient caressé ou en caressaient secrètement l’espoir : obtenir l’assentiment des populations et de leurs représentants démocratiquement élus pour un contrôle généralisé des pratiques économiques et socio-culturelles. Ce sera bientôt chose faite avec l’instauration d’un passeport sanitaire sous forme d’un code QR,  qui sera exigé lors de la plupart des déplacements et pour l’entrée dans les lieux recevant du public : les textes législatifs et réglementaires destinés à la mise en œuvre de cette mesure ne sont pas encore sortis, quoique sans doute déjà préparés ;  mais les éléments de langage du discours gouvernemental ne laissent aucun doute sur les décisions à venir, d’autant que commerçants et acteurs culturels étranglés par la fermeture de leurs établissements, consommateurs et citoyens bridés par les restrictions depuis 14 mois, tous aspirent légitimement à retrouver une certaine liberté, fût-elle assortie de conditions.

Mais justement s’agit-il de conditions, qui peuvent s’avérer nécessaires, ou d’une forme inédite d’aliénation de la liberté individuelle ? Ne serait-il pas plus démocratique de rendre obligatoire la vaccination plutôt que de procéder à une surveillance de masse dont on comprend qu’elle sera moins destinée à repérer les différences entre les statuts sanitaires des individus qu’à connaître de l’ensemble de leurs interactions ? On mesure au passage combien les ultimes résistants à l’unification numérique du monde n’auront pas d’autre issue que de se réfugier dans une sorte d’ « exil intérieur », à la manière des opposants au totalitarisme soviétique autrefois.

Enfin, quelles sont les perspectives ouvertes par les chantres du monde d’après ? Afin de faciliter cette surveillance de masse, ce contrôle des populations, à des fins supposées de protection, ne serait-il pas opportun d’envisager dès maintenant, tant que les consommateurs sont prêts à tout pour retrouver une presque vie d’avant, un « puçage » de tous les individus, à la manière des animaux de compagnie ?  

Big Brother Inside...

jeudi 22 avril 2021

L'esprit de débat

 Si l’on considère la pluralité des débats, on pourrait être tenté de se réjouir de ce grand nombre d’occasions d’échanges sur des sujets multiples et variés ; mais il faut rapidement déchanter car la nature binaire des débats en question conduit en général à une impasse. Plus et pire encore, cette binarité génère le plus souvent une réponse de type booléen empruntée au modèle informatique, c’est-à-dire la nécessité de conclure que quelque chose est soit vrai, soit faux, voire bien ou mal, sans aucune nuance, au mépris de l’éventuel intérêt des arguments opposés par les autres participants. On en arrive bientôt au fameux « Si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi », qui constitue le degré zéro du débat et n’est pas sans rappeler la culture anglo-saxonne du non-débat, si éloignée de l’esprit français ;  culture du non-débat illustrée aussi bien par les champions du néo-libéralisme et du choc des civilisations que par une certaine gauche américaine qui réduit ceux qui ne se revendiquent pas féministes à des anti-féministes, ou ceux qui se déclarent pas anti-racistes à des racistes. 

De manière plus insidieuse, les extrémistes du centre, en France notamment, sont à l’œuvre pour hâter la disparition de l’esprit de débat : rejetant dans les ténèbres du complotisme, du séparatisme, etc., toute tentative de faire entendre un propos qui sorte de la doxa lénifiante du « en même temps », ils préparent l’avènement d’un certain « monde d’après » où la violence de l’invective et de la provocation est perçue comme l’expression de la liberté de parole et de la réflexion politique : « Qu’ils braient pourvu qu’ils paient », aurait dit Mazarin !

   Un correspondant nous écrit : « Dans les organisations quelle que soit leur nature (entreprises privées ou publiques, administrations...