L’installation d’une piscine au fort de Brégançon, après le
renouvellement par l’Élysée de sa vaisselle d’apparat et l’utilisation par le
Chef de l’État du Falcon présidentiel pour un déplacement de 110 km entre La
Roche-sur-Yon et Rochefort (Charente-Maritime), suscite la polémique ; mais il sera
facile d’opposer à ceux qui se déclarent choqués, sinon indignés par ces
« affaires » que, – de même que la commande de la vaisselle élyséenne
a été faite au profit de la manufacture de Sèvres, qui est un fleuron de notre
patrimoine national et que les sommes concernées s’avèrent au demeurant
parfaitement proportionnées à la nature des biens acquis –, de même que, de toute façon, l’avion présidentiel
accompagne le Chef de l’État au long de ses déplacements et qu’en conséquence il
vaut mieux ne pas le faire voler « à vide » –, la dépense induite par
la piscine du fort de Brégançon ne dépassera pas finalement le coût habituel de
ce genre d’installation.
C’est vrai… Et en même
temps, ces différents cas de figure
permettent de pointer du doigt un biais dans la manière dont on cherche parfois
à les justifier.
Certains en effet considèrent les dépenses afférentes 1) comme venant enrichir le patrimoine national
(la vaisselle d’apparat de l’Élysée), 2) ou bien comme engagées d’avance (le
Falcon présidentiel), 3) ou encore comme conformes à la réalité des prix du
marché correspondant (la piscine de Brégançon). Or, pour toute personne
disposant d’un peu de bon sens et qui est responsable d’un budget public ou privé, aucune dépense ne devrait
être envisagée au travers des trois caractéristiques que nous venons
d’énumérer : dans le « vrai monde » des « vrais
gens », en particulier chez les « gens de rien », toute dépense avant d’être engagée,
doit être examinée selon le double critère
absolu de son utilité et de son opportunité ; manifestement, ces
principes sont depuis longtemps perdus de vue au sein de l’appareil d’État.