jeudi 3 juin 2021

La grande illusion

Quelques quarante ans après les débuts d’une décentralisation timide, il n’est nul besoin d’être un grand spécialiste des institutions pour constater, avec le passage au quinquennat présidentiel assorti d’une chambre d’enregistrement, un retour à marche forcée vers le jacobinisme le plus pur, dont le gouvernement par le biais du Conseil de défense et de sécurité nationale donne aujourd’hui le meilleur exemple. On pourrait conclure de ce constat, et après tout pourquoi pas ? que seule compte désormais dans le système politique français l’élection présidentielle, à l’exception peut-être de celle des conseils municipaux, du moins dans les territoires de déréliction et de relégation où la commune reste la seule entité perceptible par les citoyens.

En fait, et le plus grand parti de France, c’est-à-dire celui des abstentionnistes, ne s’y est pas trompé, l’élection du Président de la République, ou plus exactement le second tour de ce scrutin en quoi réside son essence bonapartiste, vieux démon français qui reste encore à exorciser, consiste désormais dans un choix entre d’une part le candidat ou la candidate qui serait le ou la plus acceptable du point de vue des valeurs républicaines aux dires des médias, des commentateurs et des ultracrépidarianistes, d’autre part un candidat ou une candidate faisant office de repoussoir : on est ainsi passé du fameux « bonnet blanc et blanc bonnet » de jadis à un vote plus illusoire encore, où, à l’instar des émissions de téléréalité, tout semble avoir été scénarisé à l’avance.

Du coup, même l’élection présidentielle apparaît sous son vrai jour, une sorte de référendum par défaut, ce qui n’est pas de nature à renforcer la participation au prochain scrutin.

 

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