jeudi 22 avril 2021

L'esprit de débat

 Si l’on considère la pluralité des débats, on pourrait être tenté de se réjouir de ce grand nombre d’occasions d’échanges sur des sujets multiples et variés ; mais il faut rapidement déchanter car la nature binaire des débats en question conduit en général à une impasse. Plus et pire encore, cette binarité génère le plus souvent une réponse de type booléen empruntée au modèle informatique, c’est-à-dire la nécessité de conclure que quelque chose est soit vrai, soit faux, voire bien ou mal, sans aucune nuance, au mépris de l’éventuel intérêt des arguments opposés par les autres participants. On en arrive bientôt au fameux « Si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi », qui constitue le degré zéro du débat et n’est pas sans rappeler la culture anglo-saxonne du non-débat, si éloignée de l’esprit français ;  culture du non-débat illustrée aussi bien par les champions du néo-libéralisme et du choc des civilisations que par une certaine gauche américaine qui réduit ceux qui ne se revendiquent pas féministes à des anti-féministes, ou ceux qui se déclarent pas anti-racistes à des racistes. 

De manière plus insidieuse, les extrémistes du centre, en France notamment, sont à l’œuvre pour hâter la disparition de l’esprit de débat : rejetant dans les ténèbres du complotisme, du séparatisme, etc., toute tentative de faire entendre un propos qui sorte de la doxa lénifiante du « en même temps », ils préparent l’avènement d’un certain « monde d’après » où la violence de l’invective et de la provocation est perçue comme l’expression de la liberté de parole et de la réflexion politique : « Qu’ils braient pourvu qu’ils paient », aurait dit Mazarin !

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