lundi 21 juin 2021

L’union dans l’abstention

 Au vu des 32 à 33 millions d’abstentionnistes, nul ne pourra évoquer la situation en se contentant de railler, comme toujours, le « parti des pêcheurs à la ligne ». Et si, pour une fois, en politique, les « professionnels de la profession », leurs conseils, consultants et conseillers, ainsi que les médias, se posaient la question de manière radicale au lieu de faire entendre leurs traditionnelles antiennes, du genre « nous avons entendu le message des Français » ? Et si, pour une fois, il s’agissait vraiment de tirer les conséquences de ce désaveu, qui, soulignons-le, concerne moins les candidates et les candidats aux régionales ou aux départementales que les états-majors politiques nationaux, parisiens, jacobins, lesquels ont tout fait pour détourner le débat de ses véritables enjeux ?

Car à y bien regarder, s’agissant notamment des plus jeunes d’entre eux, nous avons affaire à une véritable « grève des électeurs », comme l'y appelait en 1888 (!) Octave Mirbeau, dont le propos a conservé toute son actualité (*) : pas question pour le citoyen mécontent de renforcer le vote protestataire, qui depuis longtemps a montré ses limites. Non, le désenchantement est complet et le dégagisme n’est même plus à l’ordre du jour : en quatre ans l’extrême-centre aura réussi cet exploit de réunir deux Français sur trois, comme l’avait jadis souhaité Valéry Giscard d’Estaing ; mais sans doute le promoteur de la « société libérale avancée » n’imaginait-il pas qu’une telle union se réaliserait dans l’abstention. A tout prendre, cette union-là aussi fait peut-être la force.

(*) Voir également l'analyse d'Ulysse Rabatté sur son blog Médiapart (24 juin 2021).


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