samedi 9 janvier 2021

Une attitude (bien) française : la « défausse »

 La « défausse » est l’une des attitudes caractéristiques de l’exception française :  tandis que nous revendiquons notre spécificité et notre supériorité quand il est question (entre autres) de gastronomie, de mode, de luxe, de créativité littéraire et artistique, etc., nous avons mis au point de nombreuses techniques de « défausse » quand il s’agit d’endosser nos responsabilités face à un problème. Parmi ces techniques, issues de notre système D national et de notre longue expérience des désastres civils et militaires, figurent bien sûr le refilage de patate chaude et la formule magique adaptable en toutes circonstances : « Ce n’est pas moi, c’est l’autre », laquelle peut même aller jusqu’à la délation préventive.

 Ce qui ne n’est après tout qu’une (mauvaise) habitude, apprise dès le plus jeune âge sur les bancs de l’école, expérimentée (chez les hommes) lors du service militaire, du moins au temps de cette institution, mise en pratique à tous les étages des bureaux des entreprises et des administrations, on aurait pu espérer que le « nouveau monde » politique s’efforcerait de la combattre partout en son sein, à tout le moins à son plus haut niveau ; mais les (mauvaises) habitudes restent habituelles, c’est même à cela qu’on les reconnaît : c’est ainsi qu’un bel exemple de « défausse » est venu prendre sans honte dans le discours de membres du gouvernement et de la majorité parlementaire la suite des propos martiaux de type 1870 entendus, avant son démarrage, sur les préparatifs de la campagne de vaccination (« Nous sommes prêts et archi-prêts. La guerre dût-elle durer deux ans, il ne manquerait pas un bouton de guêtre à nos soldats »). En effet, devant l’ampleur du bide, quand de nombreux Français s’étonnent de notre retard à l’allumage, réclament dès à présent une vaccination étendue à tous, sans condition d’âge ou de statut, les CC du gouvernement ont eu l’idée, un peu saugrenue, d'en faire porter la responsabilité à ceux qui expriment leurs interrogations sur le vaccin (mais qui n'y sont pas nécessairement opposés comme certains raccourcis médiatiques le laissent entendre) ! 

Plus la ficelle est grosse, moins nous sommes supposés la voir : c’est faire fond, à l’instar de ce que pratiquaient les politiques du « monde d’avant », sur la myopie politique des électeurs. Allez, c’est reparti… comme en 40 !

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