dimanche 1 novembre 2020

Coups de menton et déclarations volontaristes : un certain caporalisme à la française a vécu

 Si les mots sont importants en politique, ce n’est pas à leur aune qu’on juge une politique, mais à son adéquation avec la situation et bien sûr à ses résultats. La globalisation et la marchandisation du monde, pour une part largement détournée par les pays autoritaires au profit de leur économie, ne laisse, dans un contexte libéral, que peu de marge de manœuvre sur ce terrain aux dirigeants des démocraties occidentales. Or, depuis au moins un quart de siècle, de graves difficultés de compréhension, un coupable défaut d’analyse et un manque consternant de lucidité n’ont pas permis à ces mêmes dirigeants d’anticiper les conséquences de ce phénomène sur leur exercice des prérogatives régaliennes des États dont ils sont chargés de conduire les destinées : les privant de moyens d’actions, les voici désormais condamnés à l’impuissance, dont témoigne leur incapacité à définir et à mettre en œuvre un véritable projet politique. On les voit dès lors se rabattre sur le « sociétal » pour donner quelques gages aux groupes de pression et aux activistes, qu’ils appartiennent au camp du progrès autoproclamé, ou, au contraire, à la frange la plus conservatrice de la population : il s’agit, en agissant de la sorte, de se constituer une majorité sur la gauche ou sur la droite d’un électorat de plus en plus démobilisé, voire indifférent. Ces petits arrangements entre amis s’efforcent, sans grand succès, de donner l’impression que le « bouzin » fonctionne ; mais ils ne permettent pas de relever les défis, tel celui de l’adaptation au changement climatique et la gestion des crises diverses, notamment sanitaires, qui en découlent. Désarmés face à toutes sortes de menaces dont ils ont négligé de voir les prémisses, quand ils n’en sont pas plus ou moins directement à l’origine, les dirigeants en question, au premier chef, le Président de la République française, celui d’aujourd’hui comme ceux d’hier, en appelle, sur un ton martial, à la mobilisation nationale ; mais au vu du peu de résultats affichés depuis les dernières décennies en matière de véritable progrès politique et social, la Nation suit peu et le Peuple ne suit pas : n’est pas Philippe Auguste, Louis XIV, Napoléon ou De Gaulle qui veut !

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